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Sociologie, Réflexion, Vers une ouverture d'esprit ...
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14 février 2005

fiche de lecture (suite1)

3. Thèse des auteurs :

            La sociologie des organisations repose depuis 30 ans sur un corpus théorique tourné vers la compréhension des jeux de pouvoirs. L'entreprise est vue généralement comme un espace de relations (affrontements et coopérations) où chacun tente de maximiser ses gains ou de minimiser ses pertes. Or cette vision classique, même si elle donne les bases fondamentales de la sociologie des organisations, n'est pas exempte de critiques : par exemple elle ne répond pas à la question des « conditions de production de l'accord entre acteurs » (p.128).  Les théories modernes des conventions et de la traduction permettent de répondre à cette question. Cependant toutes ces différentes théories restent quasiment muettes les unes par rapport aux autres, chacune aborde l'entreprise sous un éclairage particulier, donc réducteur. L'analyste se prive ainsi de données qui enrichiraient son étude. En effet, l'entreprise est un « espace multiformes (…) lieu de rivalité et de relations de pouvoir, de production de règles et de culture, de système d'équivalence » (p.192). La sociologie des logiques d'action va donc se baser sur une multipolarité théorique. Les auteurs s'opposent ainsi à l'idée poppérienne de « pureté scientifique » et considèrent qu'il faut abandonner cette posture épistémologique classique pour aller vers moins de cloisonnements. Le travail de l'analyste sera d'autant plus riche qu'il aura abordé l'entreprise, et les acteurs qui la composent, sous des angles différents.

4. Thèmes principaux :

            L'ouvrage se présente d'une certaine manière comme un manuel, avec, durant les trois premiers chapitres, la description des principales théories sociologiques des organisations. Cependant, cette description n'est pas neutre (c.f. p.9). Il me semble donc intéressant de mettre ici en exergue quelques points essentiels de ces théories, mais surtout de pointer ce qui est retenu comme intéressant par les auteurs et qui sera réinvesti dans le concept de logiques d'action.

            De la théorie de la contingence de Mintzberg, les auteurs retiennent que les organisations se structurent, s'adaptent, en fonction de leur environnement extérieur (système sociopolitique, institutions, marché…) – concept d'ajustement extérieur – et sont fonction de facteurs internes (dynamique des acteurs, objectifs des dirigeants) – concept de cohérence. Cependant, ils lui reprochent de résumer le jeu des acteurs à ces seules contraintes. Or les acteurs construisent et font eux-mêmes évoluer le système auquel ils appartiennent.

            L'analyse stratégique de Crozier et Friedberg, est le socle de la sociologie des organisations en France. C'est donc tout naturellement qu'elle constitue le fondement de la théorie des logiques d'action. Les notions d'acteur[8] et de système d'action concret[9] vont ainsi être reprises et élargies par les auteurs.

            La théorie de la régulation de Reynaud, permet de répondre à la question de la production des règles : les acteurs construisent librement les règles de l'organisation (régulation autonome) à partir des règles émises par la direction (régulation de contrôle).

            Les concepts d'identité, et celui de culture permettent de comprendre la stabilisation des jeux et la permanence des règles.

            A ces premières théories qui constitue le « fondement classique »de la sociologie des organisations les auteurs vont présenter deux approches plus récentes.

La théorie des économies de la grandeur de Boltanski et Thévenot complètent le modèle classique en considérant l'entreprise comme le lieu de plusieurs mondes[10]. En particulier, les économies de la grandeur abordent plus directement la problématique de l'accord. Cette approche apporte ainsi une réponse sur les formes qui peuvent rendre un accord durable.

De la sociologie de la traduction de Michel Callon et Bruno Latour, les auteurs retiennent le rejet des cloisonnements de tous types pour pouvoir appréhender les situations dans leur complexité. Ils reprennent les notions d'actant[11], de traduction[12] et de problématisation[13]. La création d'un réseau qui rassemble les différents acteurs, représentés par des porte-parole légitimes, autour de biens communs successifs et la solidification de ce réseau par l'enrôlement de nouveaux acteurs feront ainsi parti de la méthodologie pour la conduite du changement. Enfin, la transparence est un procédé méthodologique essentiel au bon déroulement de tout processus de changement.

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Commentaires
Sociologie, Réflexion, Vers une ouverture d'esprit ...
  • Au Boulot ! Vous trouverez ici quelques uns de mes travaux. Libre à vous de vous en inspirer... Vous pourrez lire des articles permettant de vous faire une idée personnelle sur des problèmes de société et/ou de développement... r.araye@gmail.com
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